Menu
Libération
Portrait

Du chai aux planches

Article réservé aux abonnés
Jean-Marc Roulot. Destiné à être vigneron à Meursault, il voulait quitter la terre pour la scène. Il a réussi à concilier ses deux passions.
publié le 20 février 2010 à 0h00

Sans doute connaissez-vous des acteurs-chanteurs, des chanteurs-écrivains, des écrivains-présidents. Que diriez-vous de croiser un vigneron-acteur ? C'est plus rare et carrément unique. Deux solutions : vous précipiter un de ces prochains jours dans une salle de cinéma où sera à l'affiche Rio Sex Comedy, le premier film de fiction de Jonathan Nossiter, réalisateur de Mondovino, dans lequel notre acteur joue, aux côtés d'Irène Jacob, son plus beau rôle. Ou alors, vous rendre en Bourgogne en un lieu élu par les dieux : Meursault. Bourg de 1 700 âmes, connu dans le monde entier pour son vin blanc d'exception, et là, sur des vignobles qui s'étendent au-delà du regard, vous pourrez apercevoir le même homme, vigneron cette fois, labourant sur son tracteur ses propres terroirs, ses parcelles qui ont toutes gardé - ici c'est l'usage - les noms du cadastre local : Luchets, Tillets, Tessons, Bouchères…

Lorsqu'on pénètre dans la maison de Jean-Marc Roulot, «le Moulin», on aperçoit une collection de bouteilles vides plantées sur un haut de cheminée, cadavres exquis de vins bus au cours des ans, Ducru-Beaucaillou 90, Mouton-Rotschild 89, Porto Nieport 55… On est éclectique et pas chauvin chez les Roulot. A l'étage, une bibliothèque où l'homme ne craint pas les extrêmes puisque sa curiosité l'amène à lire aussi bien l'autobio de Chirac que l'Ulysse de Joyce. Entre les deux, le Démon d'Hubert Selby. Alors, et le vin ? «On a le palais tué par des rouge