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Critique

Hideyuki Yano, in memoriam

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Danse. Au Jeu de Paume, une soirée célèbre ce soir le chorégraphe japonais disparu en 1988, qui a marqué la création française.
publié le 9 mars 2010 à 0h00

Il aura fallu que Chantal Aubry, journaliste, critique de danse et écrivain s'en mêle, notamment en signant un livre (1), pour que Hideyuki Yano (1943-1988) revienne ce soir sur la scène (2). Il ne s'agit pas d'un hommage, mais d'une sorte de réunion qui montre à quel point le chorégraphe japonais, mort du sida en 1988, a marqué l'histoire récente de la danse française. Ceux qui ont travaillé avec lui ou ont reçu son enseignement continuent d'ailleurs, sur des chemins très divers, d'entretenir «unepensée sans détermination, sans justification psychologique, une énergie interne absolue», selon Karine Saporta.

Disparu trop tôt, laissant le monde du théâtre et de la danse dans un état d'hébétude car il n'en avait pas fini avec lui, Hideyuki Yano est quelque part dans le désert d'El Oued, dans le sud de l'Algérie, où ses cendres ont été dispersées. Il est aussi au Japon, à Tomiaka, sa ville natale où une autre partie de ses cendres a également été répandue. Un ultime voyage pour celui qui traça bien des lignes de force (et de légèreté) entre l'Orient et l'Occident, entre rigueur traditionnelle issue de son éducation et liberté extrême où, chaque jour, chaque nouvelle pièce, était un terrain d'expérimentation. François Verret parle de «non-maître», de «non-héritage» : «Son talent était lié à l'éphémère, à la rareté. Cela s'est ancré en moi. Ce sens poétique inoubliable. Ce quelque chose de très mystérieux, très beau, très pur. Je pense que m