Lorsqu’un festival fête ses trente ans, c’est l’occasion de mesurer le chemin parcouru par les artistes, de prendre en compte leurs digressions et déplacements. Certains sont infimes, d’autres complètement affolants.
Croiser Susan Buirge, venue en spectatrice de 70 ans, renvoie à celles de la même génération qui ont disparu, Pina Bausch ou Odile Duboc. Et quand elle tend sa carte de visite rédigée en anglais et en japonais, on se souvient de son premier exil des Etats-Unis jusqu’à la France, où elle a formé nombre de chorégraphes et de danseurs, et on se réjouit de sa nouvelle installation dans l’île nippone, où elle travaille sur le répertoire traditionnel et populaire.
Dressage. D'autres trajets sont tout aussi frappants. Celui de William Forsythe donne un sens particulier au festival en posant la question de la démocratisation de la danse. Depuis quelques années, celui que l'on appela le nouveau Balanchine, héritier aussi de Rudolf Laban qui présenta dès 1988 à Montpellier des fresques mémorables, comme France/Dance ou Impressing the Czar, arrive cette année avec trois installations, créations ou premières en France. Depuis le 23 juin, celui qui a été fait chevalier de la Légion d'honneur confisque à la danse le plateau de l'Opéra Berlioz-le Corum pour y installer son château White Bouncy Castle.«Si j'ai monté ce projet, dit-il, c'est justement parce que la démocratisation de la danse à l'intérieur d'un théâtre me semble quasi