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Libération

Philippe Ménard, dit-elle

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L’artiste, qui danse en jonglant, a tout repris à zéro et changé de sexe.
publié le 6 juillet 2010 à 0h00

Elle s'appelle Philippe Ménard et tout est déjà dit. Hors de France, tout le monde lui donne du Phila, mais ici, tout se complique. «J'ai toujours conservé, explique-t-elle, mon prénom masculin, c'est même publiquement mon pseudonyme d'artiste. Ce n'est pas facile à la douane ou pour retirer un colis à la Poste. En même temps, je considère que c'est un acte politique qui renvoie à l'impossibilité d'avoir des papiers qui ne soient pas reliés à l'identité sexuelle.»

Damoclès. Elle est jongleuse et dans le spectacle grâce auquel on l'a découverte, P.P.P.(Position Parallèle au Plancher), elle enterrait en quelque sorte sa vie de vieux garçon, elle la gelait. Avoir vécu «femme travestie en hommem'aura au moins permis d'observer le monde des hommes de l'intérieur». En jonglant avec de la glace (du jamais vu), en s'asseyant sur des blocs avec la hantise d'y rester collée, elle jetait ses balles qui éclataient au sol avec une épée de Damoclès au-dessus d'elle: des stalactites tombaient dangereusement des cintres. Tout un parcours en une pièce qui scotcha les spectateurs par sa qualité technique et les engagements de son auteur. «Je veux créer, explique-t-elle,simplement des pièces non didactiques pour que tout le monde ait un accès à l'imaginaire, active son imaginaire.»

Une vie qui démarre à Nantes, en 1971, avant un déménagement à Redon - de 1973 à 1990 -, au centre d'une Bretagne isolée. Son pè