Pour leur excursion au palais des Papes, Christoph Marthaler et sa troupe n’ont pas pris l’autocar mais un camion bâché. Ils en débarquent par l’arrière, tout droit sortis d’une époque qui renvoie à l’enfance du metteur en scène (les années 50) et à un univers où se mélangeraient la Suisse profonde et la République démocratique allemande. Robes à fleurs, bibis et sacs à mains pour les femmes, costumes étriqués pour les hommes, la petite bande de touristes qui surgit dans la cour d’honneur, menée par un guide aveugle et polyglotte, est en voyage d’exploration.
Prie-Dieu. Dans tous les spectacles de Marthaler, la troupe est une microsociété, un corps social très influencé par son environnement, dont les membres sont simultanément solidaires et antagoniques. Papperlapapp (qui signifie en allemand blablabla) raconte une visite de groupe en papauté. La scénographe Anne Viebrock a extrait de leur crypte les maîtres des lieux : les tombeaux de pierre des papes sont disséminés sur un plateau transformé en nef d'église, avec ses chapelles latérales, bancs et prie-Dieu, son imposant confessionnal. Un frigo Coca-Cola (pour l'eau bénite) et une machine de laverie automatique (pour laver les péchés) complètent le décor. La première demi-heure est époustouflante, qui voit les participants s'intéresser aux détails (sont-ce des fourmis qu'ils fixent aussi attentivement ?), être témoins d'un miracle (des gerbes d'étincelles jaillissent du confessionnal qu'un ouvrier