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Libération
Critique

Hêtre ou ne pas être

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Nature et découverte . La forêt est l’atout principal de la pièce de Gisèle Vienne.
"This is how you will disappear" de Gisèle Vienne. (Seldon Hunt)
publié le 10 juillet 2010 à 0h00

Gisèle Vienne est une adepte des titres en anglais, comme un hommage à ses complices américains de Paris, Dennis Cooper (auteur) et Stephen O'Malley (musicien). Tous deux sont de l'aventure This is How You Will Disappear,avec d'autres compagnons de route habituels, Peter Rehberg (compositeur de musique électronique) et les trois interprètes Jonathan Capdevielle, Margrét Sara Gudjonsdottir et Jonathan Schatz. Le lieu de la «disparition» évoquée dans le titre est une forêt, reconstituée de façon saisissante sur la scène du gymnase Aubanel : broussailles, hauts troncs moussus, cris d'oiseau. On n'a guère envie de rejoindre les habitants de ce refuge. Naturaliste et symboliste, la forêt de Gisèle Vienne est une terre d'asile pour des proscrits douteux, un labyrinthe maléfique qui renvoie au Moyen Age (le monde des esprits) et aux films d'horreur (le Projet Blair Witch). Les personnages (une danseuse joueuse de tennis, un athlète en jogging et un musicien de rock) entretiennent des rapports troubles, d'où il ressort que l'un a tué et violé l'une et peut-être l'autre, sans que l'on soit jamais sûr de l'enchaînement des événements. Cela au fond n'a pas grande importance puisque que le spectacle semble entièrement au service de son décor. Lequel, aussi réussi soit-il, aurait du mal à retenir une heure et demie l'attention, n'était l'artiste japonaise Fujiko Nakaya. «Sculpture de brume» : c'est ainsi que son intervention est qualifiée dans le programme. De