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Libération
Critique

Un «Homme» de qualité

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Trilogie . Guy Cassiers s’attache au volet politique du roman de Robert Musil.
publié le 10 juillet 2010 à 0h00

Revoici, à l'Opéra-Théâtre, le metteur en scène Guy Cassiers et les exceptionnels comédiens du Toneelhuis d'Anvers, qui présentaient au même endroit, en 2007 et 2008, une trilogie sur le pouvoir (Mefisto For Ever, Wolfskers, Atropa). Cassiers aime les romans fleuve. Après, A la recherche du temps perdu de Proust en quatre parties, il s'attaque aux 1 800 pages inachevées de l'Homme sans qualités de Robert Musil (qui se déroule à Vienne en 1913), dont il prévoit de venir à bout en trois spectacles. L'Homme sans qualités I, créé à Anvers il y a un mois, s'attache au volet politique du roman et suit les méandres de la création de «l'Action parallèle», organisme qui prétend célébrer la grandeur de l'empire austro-hongrois à l'occasion des 70 ans de règne de l'empereur François-Joseph.

Envoûtant. Guy Cassiers est un hypnotiseur. Munis de micros HF, ses comédiens chuchotent et semblent raconter à chaque spectateur une histoire à l'oreille. Deux tableaux forment le décor : la Cène de de Vinci dans la première partie, et l'Entrée du Christ à Bruxelles de James Ensor dans la seconde. Sous forme d'images projetées en fond de scène, une caméra les explore, fixe des détails en gros plan, se promène sous la table, entre les colonnes, au creux des vêtements, ne reculant qu'à de rares moments pour redonner une vue d'ensemble de la toile. C'est envoûtant, même si dramaturgiquement limité.

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