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Libération
Critique

«Gardenia», débauche chorégraphique fleurie

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Danse . Alain Platel met en scène la dernière revue d’une troupe de cabaret composée de transsexuels âgés.
"Gardenia" d'Alain Platel et Frank Van Laecke/ (Luk Monsaert)
publié le 12 juillet 2010 à 0h00

Dans Out of Context (For Pina), le metteur en scène chorégraphe belge Alain Platel revenait à la danse, après des spectacles grandiosement musicaux. Son Pina Bausch était déchiré. Tout autre est Gardenia, et pourtant il y a une continuité que révèle la présence de micros. Et Pina toujours, en dramaturgie souterraine. L'histoire de cette création est en soi une aventure. Inspirée par le film Yo soy asi (Je suis comme ça) et son groupe de vieux artistes, l'actrice Vanessa Van Durme, qui avait déjà travaillé avec Platel, présente ses amis transsexuels à l'équipe des Ballets C. de la B.

Somnifères. Alain Platel, Franck Van Laecke, qui cosigne la mise en scène, et le compositeur Steven Prengels sont sous le charme, bousculés à l'écoute des récits de vies chahutées, pleines de chagrins et d'espoirs fous. Ces débordements d'humanité, ils vont les consigner dans Gardenia. Les sept artistes de cabaret sont en costumes d'hommes, marqués entre 55 et 65 ans. Les metteurs en scène leur ont adjoint une femme et un garçon russe. Chacun vient saluer, car c'est la dernière. Les démarches sur le plateau en pente, hésitantes, semblent mener de la boîte à la maison de retraite : des paillettes noctambules aux somnifères. Triste comme un dimanche. Tout au premier degré, on va de l'homme à la femme, de l'employé de bureau à l'artiste, du costard à la panoplie féminine. Les metteurs en scène n'ont pas gommé le «mauvais goût» : perruques