Gros mangeur de textes - le genre qui a toujours au moins trois livres dans les poches -, Stanislas Nordey fait son miel de tout - théâtre, poésie, essai, roman. Il y a deux ans, il avait imaginé un spectacle à partir de plusieurs textes de l'auteur (et metteur en scène) allemand Falk Richter, qui travaille à la Schaubühne de Berlin. Das System révélait une écriture très polémique, dont la mise en scène exacerbait la dimension pamphlétaire avant, dans la dernière partie, d'en souligner l'ironie. Le metteur en scène avait, pour l'occasion, demandé à l'auteur de lui donner à lire son journal intime.
My Secret Garden, qu'il monte aujourd'hui, se présente comme les derniers chapitres de ce journal. Après le Richter politique, place au Richter intime. Ce n'est pas gagné d'avance : le texte a les défauts du genre (autoflagellation, nombrilisme). Les premiers mots - «Je n'ai toujours pas de titre pour cette pièce» - débouchent sur un récit plutôt dépressif : «Alors, on verrait un homme de 40 ans, moi, perdant toutes ses certitudes, toutes ses relations et tous ses contacts, arrivé à un état d'épuisement et d'agitation permanente.»
Seul face au public devant un mur, Stanislas Nordey interprète lui-même la confession de Falk Richter, avec une conviction qui paraît d’abord démesurée, comme s’il voulait doper à la poésie un texte à la portée littéraire moins ambitieuse. Il y parvient avec un brio d’autant plus certain que, mine de rien, le théâtre se m