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Libération
Critique

Un «Procès» qui balance

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K. Andreas Kriegenburg adapte Kafka, de la mise en scène au décor. Renversant.
«Der Prozess» (Le Procès) de Kafka, mise en scène Andreas Kriegenburg (Arno Declair)
publié le 16 juillet 2010 à 0h00

Le metteur en scène Andreas Kriegenburg aurait étudié la menuiserie avant le théâtre. Scénographe de ses spectacles, il signe le décor de cette adaptation du Procès de Kafka réalisée avec les acteurs de la Kammerspiele de Munich.

Il a imaginé de placer au centre du plateau un grand panneau basculant. Ce panneau, c'est la chambre qu'occupe Joseph K. chez sa logeuse, Madame Grumbach, là où commence le roman : «On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin.» (1). C'est aussi l'appartement en entier et tout Prague, où se déroule le roman (la banque où Joseph K. travaille, le tribunal au dernier étage d'un quartier éloigné, les bureaux ou domiciles de l'avocat, de l'industriel, du peintre, du négociant ; et aussi la cathédrale où il s'entretient avec le prêtre à l'avant-dernier chapitre).

Clones. Ce panneau pivotant est une machine diabolique. Tous les accessoires (lit, table, chaises) y sont collés et le décor bascule de l'horizontale à la verticale sans que rien ne semble bouger, même les acteurs dessus. De la salle, on n'est jamais sûr de leur gravité : pour se coucher, ils se lèvent et inversement. Ce n'est pas tout : le panneau a la forme d'un œil ouvert, le dispositif fonctionnant comme un panoptique ; comme si tout spectateur était un gardien avec vue d'ensemble de la prison où Joseph K. s'enferme lui-même.

Le Procès vu comme un cauchemar paranoïaque : si la vision qu'a Kriegenburg du