Esse que quelqu'un sait où on peut baiser ce soir?… La faute d'ortographe dans le premier mot du titre du nouveau spectacle d'Eric Da Silva est bien sûr délibérée. Mais pourquoi ? On peut imaginer plusieurs explications, et d'abord que la question posée est la copie conforme d'un graffiti relevé dans les chiottes d'endroit public. On notera également qu'il suffit de rajouter un F au dit premier mot pour que cela donne «fesse», ce qui est pile dans le sujet.
Sortant du spectacle, on pourra enfin se dire que ce petit écart de langage résume bien un projet où tout cloche légèrement, comme si ni les mots ni les corps n’étaient jamais exactement à leur place, au point qu’on a parfois l’impression d’assister à un film en 3D, sans les lunettes.
Cela commence dès avant. Le rendez-vous est fixé à 20 h 05 à la Manufacture, l'un des lieux les plus originaux du off. Le billet pour le spectacle indique simplement «Baiser ce soir», ce qui est plus expéditif. Mais pas gagné d'avance : il faut marcher en groupe jusqu'en dehors des remparts où stationne une navette (sans air conditionné) qui dépose dix minutes plus tard sa cargaison dans un endroit inattendu : la patinoire municipale, qui est aussi le siège de l'équipe locale de hockey sur glace, les Castors d'Avignon, honnête club de Division 1 (juste en dessous de la Ligue Magnus, le plus haut niveau). Fermé au public les deux mois d'été et vierge de toute trace de glace (dommage), l'établissement devient une succu