Trois représentations à guichets fermés, des dizaines de spectateurs frustrés faisant le siège des Pénitents blancs : l'Espagnole Angélica Liddell est bien l'événement de ce Festival d'Avignon. Après la Casa de la Fuerza au cloître des Carmes (Libération du 12 juillet), voici donc El Año de Ricardo, dans une salle aux dimensions réduites.
La première pièce avait la dimension d’un opéra (cinq heures, huit interprètes, plus un orchestre de mariachis), la deuxième tient plutôt du concerto (un monologue-performance de deux heures). La puissance de la petite forme porte en gestation celle de la grande.
Comparse. Créé en 2005, quatre ans avant la Casa de la Fuerza, El Año de Ricardo appartient à une époque où l'auteure et interprète était presque toujours seule en scène, ou avec son comparse Gumersindo Puche. Le mot «comparse» convient particulièrement pour El Año de Ricardo : la figure du faire-valoir muet, à laquelle il est cantonné, renvoie à l'univers du cirque et la pièce est un numéro de clowns, que viennent souligner les flonflons musicaux du salut.
Face à son partenaire impassible, Angélica Liddell est un clown trash qui rote, crache, pisse, se gratte et se lave le cul en public. Quand elle porte la main à son pantalon trop grand, on ne sait jamais si c’est pour le rajuster ou pour le baisser. De son corps, l’actrice fait un objet de dégoût, un morceau de viande asexué qu’elle malmène. Pour être Richard III (son te