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Libération
Critique

Des «Corbeaux» de bon augure

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"Les Corbeaux" de Joseph Nadj et Akosh S. (Tadeusz Paczula)
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publié le 20 juillet 2010 à 0h00

Il y a quatre ans, Josef Nadj, artiste associé au Festival, avait offert, en compagnie du plasticien Miquel Barceló, un duo mémorable baptisé Paso Doble, une heure d'art et de travail dans la glaise. Quatre ans plus tard, c'est aussi en duo qu'il revient à Avignon, partageant la scène de la salle Benoît-XII avec son vieux complice, le musicien Akosh Szelevényi, avec qui il a créé un festival de jazz.

Apesanteur. De Paso Doble, on retrouve des citations dans les Corbeaux, titre de ce nouvel opus. Ainsi vers la fin, cette image du danseur immergé dans une jarre remplie d'un liquide noirâtre, plus proche du goudron que de l'argile. Nadj en ressort, telle une statue ruisselante, et laisse sur le sol, où il se roule ensuite, l'empreinte de son bain. Le reste de la représentation est moins salissant. Autant Paso Doble était un spectacle terrien, avec pour matières premières l'argile chère à Barceló et le corps du danseur comme masse à pétrir, autant les Corbeaux lorgnent vers le ciel et l'apesanteur, ne laissant comme traces au bout des doigts que les taches d'encre coulant de la plume de roseau. Les roseaux, Nadj les choisit lui-même, dans les marécages autour de son village de Kanjiza, en Voïvodine (Serbie), près de la frontière hongroise. Et autant Paso Doble évoquait d'abord Majorque, terre natale de Barceló, autant les Corbeaux ramènent à l'immense pays plat où Nadj est né et où il revient toujours