Du théâtre à voix nue : la chose est devenue tellement rare, à Avignon comme ailleurs - a fortiori en plein air -, qu'on ne peut que féliciter François Orsoni et ses comédiens de se lancer dans Baal, l'une des premières pièces de Brecht, sans micro HF. L'exploit n'est pas si grand, mais il a pour premier mérite d'obliger le public à tendre l'oreille et de créer une tension (est-ce l'actrice qui n'articule pas assez, ou nous qui écoutons mal ?). Clotilde Hesme, qui interprète le héros de la pièce, et ses camarades se font entendre, quitte à en faire parfois trop. Ils chantent, aussi, et les micros viennent alors à la rescousse.
Pour le reste, le metteur en scène, qui a déjà monté Jean la Chance, autre texte de jeunesse de Brecht, dit avoir été séduit par l'aspect fragmentaire de l'œuvre. Ce qui explique peut-être que son spectacle fonctionne par bribes - la scène du cabaret, celle de l'hôpital - mais s'épuise le plus souvent à suivre le souffle et le rythme du poète ivrogne, ennemi de toutes les convenances, dont Brecht, au lendemain de la Première Guerre mondiale, retraçait la fulgurante et funeste errance.
Orsoni a des idées de décor (tout ramène toujours à la table où s’amoncellent les verres et les flacons d’alcool) et l’intention d’offrir à la pièce des échos d’aujourd’hui via la musique de Tomas Heuer et Thomas Landbo, qui jouent aussi dans le spectacle. Quant à Clotilde Hesme, elle semble paradoxalement glacée par son personnage de poète surcha