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Libération
Critique

«Big Bang», sidérant

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publié le 21 juillet 2010 à 0h00

Comment faire du théâtre en se privant délibérément de la plupart de ses ressorts (texte, tension dramatique, histoire, psychologie) ? Deux ans après la Mélancolie des dragons, au cloître des Célestins, Philippe Quesne revient au Gymnase Aubanel, avec ses acteurs du Vivarium Studio. Big Bang, leur nouvelle création, entraîne une fois encore les spectateurs dans un espace aux repères flous (agence de pub ? plateau de tournage ? hangar désaffecté ? garage à bateaux ? casse automobile ? terrain vague irradié ?) où le temps est suspendu.

Refuge calme, le plateau semble préservé des injonctions contemporaines, et d’abord de l’obligation de produire (du sens, des images, de l’événement). Comme si, face à un monde qui ne serait plus qu’une vaste scène de spectacle (des rues d’Avignon à la tribune de l’Assemblée, en passant par le salon de Liliane Bettencourt ou les coursives de la Villeneuve de Grenoble), Philippe Quesne tentait le pari de nettoyer les regards et de faire ressurgir le théâtre dans le vide.

Zigotos. «Je préférerais ne pas» : tous les acteurs de Big Bang pourraient reprendre à leur compte le leitmotiv de Bartleby, le héros de la nouvelle de Melville. Le Big Bang annoncé dans le titre est là, dans cette auscultation du néant menée par à peu près la même bande que celle des précédents spectacles, des zigotos lents, qui s'habillent de peaux de bêtes, dérivent dans des canots pneumatiques sur deux centi