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Libération
Critique

«Dom Juan», le dernier des Sussi

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Théâtre . Texte élagué et décor minimal, le metteur en scène imagine le personnage de Molière jeune.
publié le 28 septembre 2010 à 0h00

Directeur du Jeune Théâtre national, organisme qui aide à l’insertion professionnelle des comédiens des écoles nationales de théâtre, Marc Sussi ne prétend pas être metteur en scène.

Mais sa familiarité avec les planches l'a poussé à franchir, pour une fois, le pas. Au théâtre de la Bastille, il présente une version de Dom Juan séduisante par l'idée qu'il se fait de la pièce de Molière, moins aboutie quant au résultat. Séduction-déception : c'est, après tout, l'effet suscité par le héros chez ceux qu'il croise.

Sussi imagine un Dom Juan qui aurait l’âge du rôle, un tout jeune homme donc, aux antipodes du jouisseur blasé sur le retour auquel on l’identifie souvent.

Il va à l’essentiel, en faisant interpréter les rôles féminins (Elvire, Charlotte, Mathurine) par une seule comédienne (Lyn Thibault) et en confiant à un seul acteur (Jonathan Manzambi) les figures de Pierrot, du Pauvre et de M. Dimanche.

Texte élagué, décor minimal, ton direct, cela part bien, sous la conduite d’un Sganarelle solide (Philippe Bérodot) et d’un Dom Juan métis (Joris Avodo). On comprend ce que Sussi veut faire entendre : le côté «moderne» d’un personnage en guerre contre la morale et la religion (incarnés par son père, que joue Simon Eine), mais victime de sa propre rigidité - si l’on peut dire - et de sa misogynie. Un type qui tourne en rond et retombe toujours sur la même fille et la même situation sans s’en rendre compte.

Stylisé, accéléré, cela pourrait faire une machine infernale. Mais Marc