Tempête à la MC 93 ou Hamlet à l'Odéon ? Les deux. Liberté de ton, plaisir de dire, esprit de troupe, Shakespeare est à la fête ces jours-ci. Aux commandes, deux vieux briscards qui s'amusent à le pétrir en y injectant peinture, cinéma ou musique. Georges Lavaudant et Nikolaï Kolyada ne se connaissent sans doute pas ; il est probable que tous deux apprécieraient le spectacle de l'autre.
Plancher nu. On commencera le voyage par la fin : la Tempête à la MC 93, le «testament» de Shakespeare, la dernière œuvre avérée, celle où Prospero brise sa baguette de magicien. Shakespeare a toujours porté chance à Lavaudant. A Grenoble, dans les années 70, la jeune troupe du Théâtre Partisan avait inscrit le Roi Lear à son répertoire. Vint ensuite Richard III abordé pour la première fois en 1979 (via la Rose et la hache, d'après Carmelo Bene), et redéployé en toute majesté en 1984 au Festival d'Avignon avec, dans le rôle-titre, l'acteur légendaire Ariel Garcia Valdès.
En 2004, Lavaudant retrouve ce dernier pour une reprise de la Rose et la hache. Si Garcia Valdès ne figure pas dans la distribution de cette Tempête (créée l'été dernier au festival des Nuits de Fourvière, à Lyon), il est présent sur le plateau en esprit. Et pas seulement parce qu'un personnage clé de la pièce porte ce nom. Une partie des jeunes acteurs de la troupe est issue de l'Ecole supérieure d'art dramatique de Montpellier, que dirige