Rien de tel que le théâtre pour semer la zizanie. Dans les Acteurs de bonne foi, il ébranle même l'ordre social. Valets et servantes qui, sur la suggestion de Madame Hamelin, répètent un impromptu, manquent de s'étriper en confondant leur rôle avec la réalité. Pire, le théâtre est le sujet d'une controverse qui est à deux doigts de faire capoter aussi le mariage des maîtres. Tout s'arrange à la fin, mais comme toujours chez Marivaux, on se demande si ce happy end - chacun avec sa chacune - n'est pas une gigantesque supercherie.
Rire et doute sont au rendez-vous de la mise en scène de Jean-Pierre Vincent, en pleine forme dans ce registre. Sur la scène des Amandiers de Nanterre, il associe quatre jeunes acteurs à trois comédiennes d’expérience qui ne s’amusent pas moins qu’eux.
Jeu de rôles ou jeu de dupes, il y a du guignol dans le plaisir que provoque la représentation, qui prend les spectateurs à témoin des ficelles et des finesses. Entre Madame Hamelin la Parisienne (Laurence Roy), qui entend bien s’amuser, et Madame Argante la provinciale (Annie Mercier) qui, par bienséance, refuse qu’on joue la comédie chez elle, le bras de fer est aussi drôle que savant : Jean-Pierre Vincent y glisse des extraits de la controverse entre Rousseau et d’Alembert à propos des spectacles. Elle est postérieure de dix ans à la pièce mais qu’importe.
Dans le rôle du rabat-joie, Rousseau s'y pose en adversaire résolu du théâtre : «L'on croit s'assembler au spectacle, et c'est là que ch