Avec la technologie, Grand Magasin entretient des rapports ambigus. La compagnie fondée en 1982 par Pascale Murtin et François Hiffler a toujours manifesté plus d'intérêt pour ce qui ne marche pas que pour ce qui tourne rond. Le titre d'un de leur précédent spectacle, datant de 2003, et directement copié d'un écran d'ordinateur, rend bien compte de la difficulté : 0 tâche(s) sur 1 ont été effectuées correctement.
Binaire. En même temps, les subtilités du langage binaire ne sont pas pour déplaire à Grand Magasin, qui reprendrait volontiers à son compte le proverbe dont Musset fit le titre d'une pièce : Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Une assertion à laquelle la troupe ne manquerait toutefois pas d'ajouter : «Ou peut-être pas.» Une rapide visitesur son site Internet (www.grandmagasin.net) donne la mesure des enjeux. Soit, photographié dans une cage d'ascenseur, ce petit panneau :
«En cas d’arrêt entre 2 étages :
- Appuyez sur le bouton "A"
- En cas de non-réponse
- Appuyez sur le bouton "B".»
Clowns musiciens, bien élevés, Pascale Murtin et François Hiffler, qu’a rejoints Bettina Atala, ne sont pas des fouteurs de bordel, mais des semeurs de doute. Le résultat n’est pas moins dévastateur.
Des Déplacements du problème, leur spectacle à l'affiche du théâtre de la Cité internationale, ils livrent eux-mêmes la notice explicative : «Trois démonstrateurs présentent une série d'appare