«Mal, mais vite.» C'était une des devises favorites de Jean-Louis Barrault, qu'il rappelle au moment de conclure Souvenirs pour demain, son autobiographie publiée en 1972. On célèbre le centenaire de Barrault, né en 1910, mort en 1994, et le Seuil republie le livre, augmenté d'une préface de Denis Podalydès. Le sociétaire de la Comédie-Française ne se force pas pour dire son admiration envers celui qui proclamait aussi «se passionner pour tout et ne tenir à rien».
Barrault selon Podalydès, c'est «l'homme-théâtre, tantôt paysan, tantôt dominicain, tantôt libertaire»,un optimiste impénitent, pour lequel «toute déconvenue est intégrée à un processus, toute contradiction appelle la synthèse, rien n'échappe à une logique résolument positive».Relire Barrault, c'est replonger dans un âge d'or du théâtre, marqué par l'utopie de la troupe - la compagnie Renaud-Barrault -, mais aussi par la capacité à catalyser l'énergie créatrice de son époque.«Les plus grands artistes, rappelle Podalydès - Decroux, Artaud, Jouvet, Blin, Masson, Picasso, Desnos, Leiris, Sartre, Camus - viennent ou s'agrègent à lui, lui se greffant à eux, dans le sens végétal du terme.»Mais il y a autre chose : un talent pour vivre au présent qui transparaît à chaque page et en rend la lecture particulièrement agréable. Même quand il enfonce des portes ouvertes, ou commence à pontifier, Barrault a l'art de passer à autre chose. «Je vais donc m'arrêter là, sur cette sensa