Rêve d’automne, la pièce du Norvégien Jon Fosse, raconte la rencontre d’un homme et d’une femme, dans «une petite partie d’un grand cimetière. Fin d’automne. Il vient de pleuvoir. Arbres noirs, quelques feuilles y restent encore attachées, d’autres feuilles jonchent le sol. Une allée de gravier. Un banc dont la peinture s’écaille.» C’est ainsi que l’auteur plante, à la première page (1), le décor de sa pièce, et l’on pressent que cela ne sera guère plus désopilant qu’un film de Bergman en noir et blanc, au choix le Silence ou la Honte.
Mais comme le répète le Père, «Non, ce n'est pas ça». Le cimetière de Fosse est aussi un lieu où l'on s'aime, se dispute, se retrouve en famille ; un champ de bataille et un jardin où jouer. Patrice Chéreau dit que pour lui, «la substitution du cimetière par le musée était une évidence» (Libération du 26 octobre). Au salon Denon du Louvre, on accède par la galerie où sont accrochées les toiles monumentales de David - dont le Sacre de Napoléon. Il n'y a pas de tombes, juste les espaces vides laissés par les tableaux décrochés, et en guise d'inscriptions funéraires, les notices des œuvres sur le mur vide.
Vieux cartable
Les gradins sont installés face à une ouverture qui donne dans une autre salle. Les lumières sont douces, sans ombres maléfiques, et les grands portraits alentour, d’humeur bienveillante. C’est un tombeau civilisé où s’étendre pieds nus : les cadavres de Patrice Chéreau ne portent pas de cha