Une méchante bourrasque accompagnée de pluie secoue chaque soir le théâtre du Rond-Point, à Paris. Mais la structure n'est pas menacée. Au contraire. Si précipitations il y a dans la salle Renaud-Barrault (la plus grande des trois que comporte la maison), le même substantif, décliné au singulier, correspond parfaitement au furieux cependant que réjouissant tumulte qui prévaut dans Funérailles d'hiver.
Car, autant le titre de la pièce n’est pas des plus grisants, autant ce qui s’y trame ne manque pas de hardiesse insolente et foutraque.
Himalaya. L'imbroglio repose sur une brusque contrariété liée à deux événements familiaux qui, par un vilain tour du destin, risquent soudain de se chevaucher : un mariage et un enterrement. Sa vieille maman à peine défunte, Latshek Bobitshek, son fils, court prévenir sa cousine qui, littéralement, fait la sourde oreille, trop soucieuse de ne pas menacer les épousailles de sa fille - avec, en jeu, «400 invités et 800 poulets rôtis». Imperturbable de pragmatisme, Shratzia, la cousine en question, analyse : «C'est trop bête, mourir la veille du mariage de Vélvétsia. Mourir passe encore, mais pas la veille du mariage de Vélvétsia.»
S’ensuivront diverses péripéties, incitant un groupe de fugitifs - futurs époux, famille et belle-famille - à chercher refuge sur une plage en pleine tempête (!) au motif que c’est bien l’endroit où nul ne songerait les débusquer ; la même bande, un peu décimée, échouant ensuite