Menu
Libération
Critique

Py illumine Hindemith

Article réservé aux abonnés
Opéra. A Bastille, le metteur en scène ressuscite «Mathis le peintre», écrit par le compositeur allemand à l’arrivée des nazis.
publié le 20 novembre 2010 à 0h00

Le 25 novembre 1934, le chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler publie dans le Deutsche Allgemeine Zeitung une défense véhémente de Paul Hindemith. Certes, reconnaît-il, Hindemith «a enregistré des disques en concert avec deux émigrés juifs», mais ces productions «honoraient simplement un contrat ancien». Au reste, ajoute Furtwängler, ce que les nazis reprochent à Hindemith, c'est surtout d'avoir fait partie, dans les années 20, de l'avant-garde musicale de la République de Weimar, ce «bolchevisme culturel» détesté par le nouveau régime. Erreurs de jeunesse, plaide Furtwängler, pour qui Hindemith est «du point de vue de son sang purement germanique». Il en veut pour preuve sa toute nouvelle œuvre, la symphonie Mathis le peintre, extraite de l'opéra qui allait porter le même nom.

Tourment. Monté pour la premièrefois à l'Opéra Bastille (et pour la deuxième fois en France) Mathis le peintre est une œuvre où il est facile de se perdre, tant les convulsions musicales et politiques qui l'ont vue naître nous sont devenues opaques. Le tourment intime se mêle à la fresque historique, l'actualité à l'histoire allemande, les échos de l'esthétique expérimentale des années 20 à une tentation classique. Probablement fallait-il, pour redonner vie à un tel monument, toute la machinerie déployée par la mise en scène d'Olivier Py : au début écrasante, le tournoiement des décors s'impose peu à peu et finit par donner à