Le dernier spectacle de Raimund Hoghe, chorégraphe allemand qui a adopté la France après avoir été dramaturge dans la compagnie de Pina Bausch et journaliste à l'hebdomadaire Die Zeit, remet en piste l'œuvre de Dominique Bagouet, décédé du sida en 1992. Alors qu'un coffret avec deux DVD et un livre vient de paraître sur celui qui dirigea le Centre chorégraphique national de Montpellier (à se procurer de toute urgence aux éditions la Maison d'à côté), Raimund Hoghe dit adieu à sa façon. A Merce Cunningham, à Pina Bausch, à Maurice Béjart et bien sûr adieu à Bagouet. Comment faire avec ces disparitions, comment aller de l'avant ? C'est l'une des questions que pose le spectacle en forme de cérémonie : «Il faut continuer, dit Hoghe, mais pour cela, on doit d'abord dire adieu. Il y a une nécessité à nommer le vide avant de le remplir, de le remplacer par autre chose.» C'est exactement ce qui se passe sur scène.
Hoghe a déjà revisité avec talent - et une tristesse incomparable - nombre de classiques, du Lac des cygnes au Boléro, mais ici, il va plus loin. Il s'efface pour redonner vie aux personnages bondissants du chorégraphe français, des pitres irrévérencieux. Lui qui semble n'aimer que le noir en passe par les couleurs de Dominique Fabrègue, qui fut la costumière-habilleuse de Bagouet. Si je meurs laissez le balcon ouvert, titre emprunté au poème Adieu de Federico Garcia Lorca, créé au festival Montpellier-Danse (do