Six mois avec António Lobo Antunes : l'écrivain portugais est l'invité permanent de la MC93 de Bobigny jusqu'en juin, via des spectacles, lectures et rencontres. Six mois de cure par la littérature : psychiatre de formation, Lobo Antunes, dans ses romans, donne la parole à une myriade de personnages qui n'ont pas l'habitude de la prendre et leurs voix ne cessent de hanter les lecteurs. Ironique, impitoyable, inattendue, l'œuvre de Lobo Antunes fonctionne comme antidote à la résignation, même quand elle plonge au cœur de l'enfer. «Nous descendions vers les Terres de la fin du monde, à deux mille kilomètres de Luanda ; janvier se terminait, il pleuvait, et nous allions mourir.» La phrase, qui figure dans le Cul de Judas, l'un de ses tout premiers romans, publié en France en 1983 (éditions Métailié) est de celles qui vous happe à jamais.
Directeur de la MC93, Patrick Sommier est depuis longtemps un inconditionnel de l'auteur de Je ne t'ai pas vu hier dans Babylone, titre de son dernier livre paru en français à l'automne, aux éditions Christian Bourgois, comme la plus grande part de son œuvre.
«Il est des livres qui ont besoin d'espace, écrit Sommier, en présentation de son projet. Des livres "comme une maison hantée",ainsi qu'António Lobo Antunes les définit. Or nous savons […] que cette Maison capable d'accueillir les fantômes n'est autre que le théâtre.» Les premiers fantômes sont attendus ce soir dans les murs de la MC93 où Georges Lavaudant