La tente marocaine a trouvé place sous le hangar du théâtre de l'Epée de Bois, à la Cartoucherie de Vincennes. Avec la roulotte d'Antoine Garamond. Plus de huit ans qu'elle tourne, tourne, tourne à Marseille, Saint Sébastien-sur-Loire, Aubagne, Figeac, Avignon, l'Ile de Ré… Le Tour complet du cœur, depuis longtemps par cœur pour Gilles Cailleau. Le décor familier revit comme à chaque fois l'histoire d'Antoine Garamond, trente ans passés dans une roulotte à jouer partout avec sa femme et ses deux fils toutes les pièces de Shakespeare. Garamond lui a dit : «Puisque vous êtes un passionné de Shakespeare, si vous vouliez, vous, reprendre le flambeau, je vous offrirais la roulotte.» Garamond, c'est Cailleau. Cailleau, c'est Garamond parvenu dans un panthéon du théâtre engagé. Petit homme jouant et rejouant sans cesse le rôle de Garamond, devenu son propre jeu, son propre enjeu.
Marotte. Malgré tout, à près de 500 représentations, il fait montre d'une ineffable surprise, de celle qui peut faire frémir l'habitué le plus blasé, celle qui fait qu'il se produit là, à la Cartoucherie.
Vouloir interpréter des œuvres complètes, truffées de personnages, pourrait passer pour de la prétention ou de l'inconscience. Antoine Garamond, forain obsessionnel, a fait pâtir sa progéniture de sa marotte. Tel est l'écueil de l'exalté : sa passion fait écume sur les autres. C'est aussi ce qui fonde la transmission, semble illustrer Cailleau, qui incarne alternativement