Ce n'est pas la première fois que le metteur en scène Bruno Meyssat s'intéresse à une catastrophe maritime. En 1993, il avait imaginé un spectacle autour du Titanic. Cela s'appelait les Disparus et prenait la forme d'une cérémonie aux morts sans paroles - hormis la lecture du menu du dernier dîner servi à bord du paquebot avant le naufrage. L'en deçà plus que l'au-delà : Meyssat, fondateur du bien nommé Théâtres du Shaman, s'intéresse aux âmes enfouies sous les objets.
Méditation. Il tient du rituel animiste et a une fonction réparatrice - ou curative. Méfiant à l'égard des discours, il invite à la méditation et son caractère religieux renvoie à la première définition du mot : «attention scrupuleuse». Le Théâtre du Shaman ne délivre pas de message spirituel, il tente tout au plus, selon son metteur en scène, de «relier entre eux des faits laissés disparates par la négligence ou l'idéologie».
Les «faits» en question sont ici une catastrophe écologique récente : l'explosion le 20 avril 2010 de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique. «Macondo 252», tel était le nom du puits creusé à 3 960 mètres sous le plancher océanique. Le géologue de BP qui avait donné au forage le nom du village épicentre de Cent Ans de solitude, le roman de Gabriel Garcia Márquez, avait-il lu le livre ? Ou s'est-il contenté de reprendre un nom figurant sur les cartes maritimes ? Rien de romanesque en tout cas dans le