Un cataclysme pour commencer. D’autant plus inattendu que l’atmosphère qui précède le spectacle est calme, avec des échos de cantiques qui rebondissent dans la grande salle du TNB de Rennes où le public s’installe. Soudain, le chaos, cinq ou dix minutes de terreur pure, comme seul le théâtre peut en produire, c’est-à-dire avec presque rien.
Apocalypse. Un vrombissement suraigu fait ployer 800 têtes qui se bouchent les oreilles tandis qu'un cyclone balaye la scène charriant en tourbillon des particules, cendres, feuilles ou plumes qui dansent en accéléré dans une lumière d'encre. Sur cette impression d'apocalypse, aux troublantes résonances, Romeo Castellucci ouvre J (en une seule lettre) son spectacle, créé mardi soir à Rennes avant une longue tournée à travers l'Europe : Anvers, Oslo, Londres, Madrid, Moscou, Amsterdam, Athènes, Barcelone, Avignon…
D'images chocs, le metteur en scène italien est coutumier. L'un des rares à oser les inscrire dans des scénographies monumentales. En 2008, dans la cour d'honneur d'Avignon, il avait pour son adaptation de l'Enfer de Dante lâché les chiens (au sens propre) et lancé un alpiniste à l'assaut de la paroi du Palais des papes. On se souvient aussi de l'averse de voitures sur le plateau des ateliers Berthier de l'Odéon, à l'automne 2003. Fondateur d'une compagnie dont le nom, Societas Raffaelo Sanzio, est un hommage à la peinture, Castellucci est l'artisan d'un théâtre de visions, où les images et le sou