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Critique

«Toute Vérité», aux gnons du père

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Théâtre . A Paris, au Rond-Point, un dialogue incisif entre père et fils, coécrit par Marie NDiaye et Jean-Yves Cendrey.
publié le 9 mai 2011 à 0h00

Dernier coup de pied dans le ballon crevé : «A dater de ce jour d'orage et de révolte […] tu n'as plus jamais été pour moi qu'un père de carnaval, que je peins pour faire froid dans le dos et distraire, un légume, creux, taquiné par la crève, bon à jeter aux foules.» Ainsi s'achève Toute Vérité, la pièce coécrite par Marie NDiaye et Jean-Yves Cendrey (1), à l'affiche du théâtre du Rond-Point, duo entre un fils et son père sur le mode du jeu de massacre.

Depuis Principes du cochon, son premier roman publié en 1988, la lettre au père est pour Jean-Yves Cendrey un filon littéraire inépuisable : «Je t'ai fui, et tu ne m'as rattrapé que dans l'écriture, quand je découvris que tu faisais un splendide sujet de dissection, de dissertation, que je pouvais à loisir tirer de son formol puis l'y refoutre», dit le Fils au début de la pièce. A quoi le Père répond : «Car enfin, quel écrivain serais-tu sans l'inépuisable sujet de ton père ? Je suis la chair et le sang de ta prose, je suis, moi, adjudant-chef Cendrey, l'origine des mondes que tu déploies.»

Imposteur. Compagne de Jean-Yves Cendrey depuis vingt ans, prix Goncourt 2009 pour Trois Femmes puissantes, Marie NDiaye a aussi quelques comptes littéraires à régler avec son géniteur. C'était même le sujet de Papa doit manger, sa première pièce, créée en 2003 à la Comédie-Française, dont le héros était un imposteur qui avait abandonné sa famille. Avant de se re