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Critique

Les frères Forman font un effet «freaks»

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foire . Au Rond-Point à Paris, plongée dans l’univers fantasmagorique et déglingué des jumeaux tchèques.
publié le 16 juin 2011 à 0h00

Voici comment le voyage commence. Par une sorte de porte d'enregistrement qui vous fait basculer, d'un seul coup, dans un espace-temps effrayant. Celui d'un cirque forain de l'enfance, beau et inquiétant, où les monstres côtoient les belles écuyères, et où la peur fait corps à corps avec le désir. Alors que l'on s'apprête à prendre place dans un petit chapiteau échoué sur la contre-allée des Champs-Elysées, à deux pas du théâtre du Rond-Point, on nous invite à faire un petit détour par une caravane déglinguée. «C'est l'atelier du forgeron», glisse un majordome douteux, au fort accent, que l'on devine tchèque, les cheveux gras plaqués sur le front.

Débiles. Trois marches plus haut, on découvre, prostré au fond de la roulotte, un géant aux muscles de gladiateur et à la barbe d'ogre. Il a le regard perdu, à l'instar de ces débiles, enfantins et surpuissants, dont on pressent qu'ils peuvent étrangler n'importe qui, sur une simple saute d'humeur. Du reste, à peine a-t-on tourné les talons, que la bête se précipite pour tirer le rideau de sa caravane. On a cru un instant qu'il se jetait sur nous. Le voyage à peine commencé, on a déjà perdu pied.

On ne sait pas si on a rêvé (cauchemardé ?) tout cela. Toujours est-il que chacun a gambadé au moins une fois, dans sa vie, dans ces contrées imaginaires. Pendant presque deux heures, Obludarium, le spectacle des frères Forman, va tenir cette formidable promesse : réinventer un merveilleux et inquiétant mon