Le 7 juin, soir de la première, l’auteur américain Russell Banks était présent dans l’assistance, profitant même de l’occasion pour converser avec le public, quelques minutes après la fin de la représentation.
Bien que ne comprenant pas le français - et par-delà les convenances -, l'écrivain de référence paraissait positivement impressionné par la découverte de la version scénique de De beaux lendemains, glissant au passage, et aussi curieux que cela puisse paraître, qu'il s'agissait là de la première transposition théâtrale d'un de ses romans.
Sirène. «Je suis étonné, a précisé Banks, car je pensais que c'était le moins facilement adaptable de mes livres. Mais ce que j'ai vu m'a paru très fidèle au texte et d'une sobriété puissamment émouvante.»
Vrai. Comme beaucoup s'en souviennent, De beaux lendemains, publié en 1991, a déjà existé au cinéma, dans une réalisation qui a valu à Atom Egoyan un grand prix du jury au Festival de Cannes, en 1997. Drame rigoureux (avec Ian Holm et Sarah Polley), le film «pervertissait» cependant la trame littéraire en faisant se rencontrer les personnages. Ce qui, à l'exception des ultimes instants de la pièce, n'est pas le cas aux Bouffes du Nord où, dans la mise en scène d'Emmanuel Meirieu, prévaut l'implacable dénuement du monologue, tout juste habillé par un piano occasionnel, des bruits de fond à peine distincts (enfants, sirène) et deux chansons d'une beauté spectrale quasi envoûtante,