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Critique

«Enfant» à corps perdu

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Avignon . En intronisation du Festival, Boris Charmatz manipule grands et petits dans une chorégraphie sensuelle et forte.
"enfant" de Boris Charmatz. (Boris Brussey)
publié le 9 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 9 juillet 2011 à 18h36)

Le spectacle Enfant, en ouverture du Festival, commence par un geste chorégraphique du public, un flashmob. Applaudissant à la lecture d'un texte du Syndeac, qui pointe l'état pour le moins délétère du spectacle vivant, les spectateurs se sont ensuite retournés en direction du ministre, l'ovation se transformant en bronca, pas méchante. Puis silence. Sur la scène de la Cour d'honneur, deux machines à «agir» les corps sont entrées en action l'une après l'autre.

Elles avaient déjà oeuvré dans une précédente pièce de Boris Charmatz, artiste associé à cette 65e édition. Trois danseurs de la compagnie sont traînés, posés, enlevés, suspendus. Ils ne font rien, qu'être manipulés par une première machine girafe à laquelle on s'attache, et qui parle en cliquetis de ferraille. La seconde a le rythme d'une fornication rapide et secoue les corps à même un plateau qui branle.

Grappes. Après ce premier mouvement, où la volonté physique du danseur abdique au profit du simple plaisir d'être manipulé, les neuf interprètes arrivent avec chacun un enfant dans les bras. Ils sont 27 bambins, de 6 à 12 ans, à avoir travaillé à Rennes où Boris Charmatz dirige le Musée de la danse-centre chorégraphique national. Comme dans les bras de Morphée, ils sont aussi agis par les adultes. Tout de noir vêtus pour mieux laisser apparaître les morceaux de peau, ils se laissent faire, abandonnés, amorphes. Ils n'en souffrent nullement.

La douceur de (ne) rien