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Libération
Critique

Angélica Liddell, la douleur de A à Z

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Avignon . Révélation de 2010, l’Espagnole dans son nouveau labyrinthe.
« "Maudit soit l'homme qui se confie en l'homme" : un projet d'alphabétisation », d'Angélica Liddell. (Ricardo Carrillo de Albanez)
publié le 11 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 11 juillet 2011 à 11h00)

Cela fut le choc du festival l’an dernier. Une pièce fleuve, voyage au bout de la douleur, de l’ivresse et du sang ; un «éloge» du monstre (Richard III), sous forme de performance : deux pièces coups de tonnerre et révélation d’une Espagnole inconnue en France, Angélica Liddell, auteure, actrice, metteure en scène, ennemie de la mesure. Liddell est de retour.

Lapin. L'exercice a sa part de risque. Certains diront que Maudit soit l'homme qui a confiance en l'homme n'a pas la force spectaculaire de La Casa de la Fuerza, le spectacle de l'été passé aux Carmes. C'est en partie vrai, Maudit soit l'homme est une pièce moins multiforme, dépouillée. Et c'est faux : Liddell n'est pas du genre à recycler, mais à s'aventurer plus loin. Si dans Maudit soit l'homme, la mélancolie l'emporte sur la violence, l'effet n'en est pas moins dévastateur. Liddell a conçu sa pièce comme un abécédaire, égrené en français au début du spectacle, par des fillettes costumées en lapin, de «A comme argent» à «Z comme Zidane» en passant par «M comme méfiance», chaque définition (deux lignes ou pages) étant distribuée de façon non alphabétique.

Première entrée : «E comme enfant»: «Je n'ai pas connu un seul enfant qui soit devenu un bon adulte.» Le ton est donné, et c'est peu dire qu'il sera grinçant. L'abécédaire est un labyrinthe semé de lapins empaillés, qu'elle arpente vêtue en petite fille, accompagnée d'une autre act