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Libération
Interview

Juliette Binoche «J’ai besoin de préparation»

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Rencontre avec l’actrice :
publié le 11 juillet 2011 à 0h00

AOttawa, elle vient de terminer son quatrième tournage de l’année : Cosmopolis, le nouveau Cronenberg. A Avignon, elle tourne aussi, la journée, la version filmée de Mademoiselle Julie, qu’elle joue tous les soirs. Avignon, elle y est venue plusieurs fois enfant avec la troupe de son père, marionnettiste et créateur de masques ; dix-neuf off à son actif. Elle y a fait la parade, vendu des saucisses. Nourrie de théâtre, elle avait trois ou quatre ans quand elle a vu ses parents jouer Romeo et Juliette. Pourtant, l’essentiel de sa carrière s’est fait au cinéma. Plus de vingt ans après la Mouette à l’Odéon, elle n’a pas raté son retour. Au lendemain de la première, Juliette Binoche avait juste le sentiment d’avoir travaillé sérieusement.

«Il y a des acteurs qui plongent directement sur scène. Moi j’ai besoin de préparation. C’est une descente en moi-même. Tout un ensemble de choses, différentes tous les jours, que je dois ressentir dans le corps avant de jouer. Mademoiselle Julie a un rapport très intime à la mère, et à l’absence de la mère. L’autre soir, en me préparant, un souvenir très fort de la mienne m’est revenu. Strindberg, il y a chez lui un mélange de sensibilité et de cruauté que seul peut éprouver quelqu’un qui espérait trop. Quand on est blessé, la cruauté est comme une bouée de secours. On ne peut pas déterminer à l’avance comment doit être l’habit où l’on entrera. Je déteste qu’on m’explique les choses à l’avance. C’est comme