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Critique

Quelque chose de pourri au royaume de Macaigne

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Festival d'Avignon 2011dossier
Avignon. Le jeune metteur en scène revisite Shakespeare en maîtrisant aussi bien la provocation que la démesure.
publié le 12 juillet 2011 à 0h00

Une dizaine de jours avant l'ouverture du Festival, Vincent Macaigne redoutait que la première partie de son spectacle soit «trop classique» et que la pelouse recouvrant le plateau du cloître des Carmes soit «trop propre». Il peut être rassuré. Au moins j'aurai laissé un beau cadavre est parfaitement sale sur lui, dégoulinant de boue, de merde et de sang ; les premiers rangs en savent quelque chose, mal abrités des projections derrière une toile en plastique. Les plus haut placés auraient tort de se croire à l'abri d'un mauvais coup quand les personnages (ou les acteurs, le statut n'est pas toujours clair) poursuivent dans les gradins une bagarre entamée sur scène.

Politesse. Le trash n'est pas seulement affaire de visuel. Brisant un tabou en vigueur depuis au moins quarante ans sur les scènes européennes, les comédiens hurlent sans répit - et sans micro, au point qu'on ne donne pas cher de leurs voix d'ici deux ou trois soirs. Affreux, sales et méchants, voilà pour l'atmosphère. Qu'il ne faudrait pas prendre pour une provocation. L'hystérie, chez Macaigne, n'est ni un but ni un moyen. Tout au plus un point de départ. On peut voir le masque grotesque comme une forme de politesse, une façon de ne pas trop prendre au sérieux l'ambition du projet : non pas jouer Hamlet mais inventer un Elseneur d'aujourd'hui, où faire résonner ces histoires de famille, de pouvoir, de guerre et de mort.

Sur la scène des Carmes, le chaos n'est qu