Au bout d'un quart d'heure, à 19 h 15, il n'est spectateur normalement constitué qui ne s'interroge sur le sens de sa présence. Au cloître des Célestins, la première partie de Life and Times est prévue pour durer 3 h 30. Si l'on enchaîne sur la deuxième partie, donnée à l'issue d'1 h 30 d'entracte, on en a jusqu'à 2 heures du matin. C'est beaucoup pour un spectacle de théâtre chanté sans aucun décor et à peu près statique. Un minimalisme visuel qui n'est rien à côté du texte intégralement tiré d'un enregistrement téléphonique, où la musicienne Kristin Worrall, qui joue de la flûte traversière dans le spectacle, détaille sa vie depuis sa naissance. Récit 100% anecdotique qui égrène les souvenirs les plus anodins de la vie d'une petite fille middle class de Rhode Island, de la couche changée aux bisous entre parents, en passant par la première maîtresse maternelle et les jouets du grand frère, les spectateurs ayant décidé de rester se voyant gratifiés du premier événement remarquable à l'issue de plus de trois heures de récit : un pipi dans la culotte au début du cours préparatoire.
Des plombes. On aura compris que les New-Yorkais du Nature Theater of Oklahoma (nom qui ne renvoie pas à des origines Middle West de la troupe mais au récit de Kafka l'Amérique) ont une conception radicale du théâtre, l'idée étant de raconter une histoire avec un maximum de contraintes et un minimum de moyens, et l'objectif de transformer le banal en œuvre