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Critique

«Cesena» vision d’aurore

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Festival d'Avignon 2011dossier
Avignon. La nouvelle pièce de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker profite de la lumière du lever du jour pour créer une atmosphère épurée et fusionnelle.
"Cesena" de Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas & Björn Schmelzer / Graindelavoix. (Anne Van Aerschot)
par Marie-Christine Vernay, Envoyée spéciale à Avignon
publié le 18 juillet 2011 à 0h00
(mis à jour le 18 juillet 2011 à 8h53)

Quatre heures. Le gel du petit matin. Des sons alourdis s’échappent d’une boîte de nuit. Le ballet des voitures de nettoyage. Des hommes rentrent leur solitude. Dans une ruelle, une femme lit, fenêtre ouverte. Avignon dort. Sur la place du palais des Papes, les spectateurs semblent s’être donné rendez-vous clandestinement pour l’after de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker. Personne n’a fait faux bond et la cour d’honneur est pleine.

Cinq heures, il fait encore nuit, le spectacle peut commencer. Les 19 danseurs et chanteurs arrivent en grappe comme des chauves-souris. Pas d'éclairage, le seul souci de la lumière naissante et de l'espace au cœur de la scénographie d'Ann Véronica Janssens. L'an dernier, Anne Teresa De Keersmaeker, déjà avec Björn Schmelzer qui dirige l'ensemble anversois Graindelavoix, avait offert au cloître des Célestins une tombée de la nuit. En Atendant, léger et dessiné comme un vol d'hirondelles, liait déjà la danse à l'ars subtilior, musique raffinée de l'époque médiévale.

Cette année, Cesena, la pièce pour la levée du jour fait plus encore, jusqu'à la fusion. Danseurs et musiciens dansent et chantent, indistinctement. Graindelavoix emprunte son nom au titre d'un essai de Roland Barthes : «Le grain, c'est le corps dans la voix qui chante, dans la main qui écrit, dans le membre qui exécute.» Le spectacle est tout à fait ça, qui n'intègre aucun instrument.

Nuage. Sur la scène, pendant deux heur