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Critique

«Courts-Circuits» manque de jus

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Multiformes . François Verret rate le coche avec un spectacle éprouvant.
publié le 20 juillet 2011 à 0h00

On lit dans le programme ces propos du chorégraphe François Verret : «Cette économie néolibérale détermine de nombreux états d'être au monde et entraîne notamment le développement de somatisations qui sont la seule réponse possible de ceux qui ne peuvent plus, qui ne veulent plus, ne croient plus, n'y arrivent plus… Alors pourquoi ne s'arrêteraient-ils pas en disant : "Faites de moi ce que vous voulez, je m'abstrais de tout choix, je m'absente de ce monde où je n'ai plus de place ?"»

C'est ce que semble faire François Verret dans Courts-Circuits. Au point qu'on se demande si l'auteur n'est pas en pleine dépression. En tout cas, son spectacle fout le moral à zéro. Le dispositif scénique est assez ingénieux pour bloquer toute circulation. D'un côté, un terrain dévasté et un écran ; de l'autre, une piste de danse savonneuse et un encore écran. Au milieu, les percussions de Jean-Pierre Drouet et le piano de Séverine Chavrier.

Tout est émietté, fragmenté en images, en petites actions, en solitudes. Tout brûle, les textes, les gens. François Verret n’a sans doute pas tort de vouloir alerter sur l’état de décrépitude de la société occidentale qui laisse crever ses contemporains sans abris. Mais, la forme est éprouvante dans ses redondances. La danse se casse la gueule, ou alors se tient la tête en bas dans des équilibres, des roues au ralenti. Les images fugaces croquent un collectionneur d’art et sa blonde qui vacille. Ailleurs, un masque blafard, inquiétant, des p