Bien qu'un de ses spectacles ait pris le titre de Témoin ordinaire, Rachid Ouramdane n'en est pas un. Il ne s'agit pas pour lui de se contenter de fouiller dans l'histoire ou de proposer des documentaires, mais dans ce projet-ci de dénoncer la torture à partir d'interviews de victimes. De même, un solo de 2004, Morts pudiques, s'intéressait aux diverses représentations de la mort mises en scène sur le Net.
En s'immergeant dans un microcosme, le chorégraphe, associé à la scène nationale d'Annecy et au Théâtre de la Ville de Paris, se place dans une perspective politique pour démêler cette complexité qu'est le rapport entre corps et pouvoir. Vu à sa création à Annecy, Exposition universelle est un solo, ou plutôt un duo avec le compositeur présent sur scène, Jean-Baptiste Julien.
Ouvrier. Rachid Ouramdane y creuse les esthétiques officielles, s'emparant de courants artistiques et de modèles qui ont assis des idéologies, du réalisme socialiste à l'iconographie fasciste. Juché sur un podium, il lève le poing, joue l'ouvrier sain et costaud, révolutionnaire. Il s'inspire également de formes autoritaires moins repérables et pourtant tout aussi prégnantes, celles dessinées par les boîtes de communication ou les agences de pub pour vanter les sportifs, les stars pop…
Avec la complicité de Jean-Baptiste Julien, qui passe en revue avec humour quelques hymnes nationaux, le danseur s'agite comme dans un costume trop serré aux entournures. Pour éc