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Libération
Critique

«Des femmes», 7 heures de réflexion

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Avignon. Wajdi Mouawad adapte Sophocle sur une musique du grand absent Bertrand Cantat.
publié le 22 juillet 2011 à 0h00

Bien sûr, son absence est criante. Bertrand Cantat n'est pas dans la carrière Boulbon pour y interpréter les paroles du chœur et la musique qu'il a composée pour les trois pièces de la trilogie Sophocle que Wajdi Mouawad met en scène sous le titre Des femmes. Les trois musiciens jouent live sur la voix off de Cantat, et c'est comme si l'âme du spectacle avait été envoyée en exil.

Rock. Mouawad ne s'était pas trompé en imaginant que le chanteur pouvait porter les mots de Sophocle, retraduits par Robert Davreu, avec une force sidérante. A Cenon (Gironde), où le spectacle a été créé le mois dernier (Libération du 30 juin), pour la première représentation des Trachiniennes (qui ouvre la trilogie, avant Antigone et Electre), chacune de ses apparitions redonnait sens et puissance au lamento tragique. A Avignon, Cantat a donc décidé de ne pas être sur scène «par respect pour la douleur» de Jean-Louis Trintignant, qui s'était violemment élevé contre la présence du chanteur, meurtrier de sa fille Marie en juillet 2003.

Sans Cantat, le spectacle perd beaucoup, surtout dans les Trachiniennes, la pièce où la présence du chœur est la plus prégnante. Demeure l'idée du rock comme chant tragique. Pour le reste, on peine à suivre les choix de Mouawad, à commencer par le parti pris de déclamation kitsch. Certes, on entend tout - c'est déjà ça -, mais on comprend mal que, disposant de la puissance du chœur, Mouawad d