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Libération
Critique

Jeanne d’Arc et le garçon bûcher

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Festival d'Avignon 2011dossier
Avignon. Guy Cassiers adapte Tom Lanoye avec emphase.
publié le 25 juillet 2011 à 0h00

Clôture monumentale dans la cour d'honneur. Le metteur en scène Guy Cassiers y déploie sa science des images choc et de la diction hypnotique à partir d'un texte de l'écrivain flamand Tom Lanoye. Sang et Roses confronte les destins de deux figures historiques antinomiques, Jeanne d'Arc et Gilles de Rais.

La pucelle et le monstre combattirent ensemble pour lever le siège d’Orléans. Ce qui donne à Lanoye le prétexte d’une pièce en miroir, retraçant des événements marquants de leur vie et les procès que leur intenta l’Inquisition et qui se conclurent au bûcher. Dans la cour d’honneur, Cassiers s’appuie sur une musique interprétée par les chanteurs du Collegium vocale de Gent, inspirée de polyphonie flamande médiévale. Vêtu de noir, planté dans la pénombre, le chœur donne à la soirée une coloration archaïque, qui contraste avec les moyens technologiques mis en œuvre, notamment un écran vidéo, damier géant qui, dressé contre le mur du palais, a du mal à résister au vent.

Cassiers reprend les recettes qu’il affectionne : les acteurs sont filmés en gros plan, et leurs voix chuchotées amplifiées par les micros HF ont une douceur qui fascine. Ainsi qu’une puissance tragique portée par le visage tout en angles de Johan Leysen, qui interprète Gilles de Rais en seigneur de la cour.

Grand sujet, grands décors, grands acteurs. Et c'est tout. Difficile d'imaginer plus parfait décalage entre forme et fond. La pièce de Tom Lanoye a l'art d'habiller l'anecdote de grands mots pour ne rie