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Libération

«René l’énervé» prend le pouvoir au Rond-Point

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Théâtre . Grinçant, potache et longuet, l’«opéra bouffe» de Jean-Michel Ribes pastiche cinq ans de sarkozysme.
publié le 12 septembre 2011 à 0h00

C'est l'histoire d'un épicier court sur pattes et très agité qui se fait élire «chef de pays». Homme d'action - «Je suis en forme, je réforme» -, René l'énervé surfe sur les peurs de ses concitoyens et ratisse large : transfuges de l'opposition («Judasso» et «Foculot»), «philosophes nouveaux», écolos ou «cons de la nation», qui apprécient son discours à poigne. René est flanqué d'un professionnel de la com («Jessantout») et d'un grand chambellan, «Hurtzfuller», obsédé par les Maghrébins.

Chronique de cinq années de sarkozysme, la farce de Jean-Michel Ribes n’y va pas avec le dos de la cuillère (1). A l’image de son héros, elle ne tient pas toutes ses promesses et finit par fatiguer (trois heures, c’est long). Mais elle offre aussi des moments réussis et a le mérite de la cohérence.

D’abord parce que le directeur du théâtre du Rond-Point n’emprunte pas les chemins balisés par les chansonniers et autres humoristes politiques. Si les modèles réels de ses personnages sont parfaitement identifiables, leurs interprètes ne misent ni sur l’imitation vocale ni sur l’identification physique. A commencer par Thomas Morris, qui joue le rôle-titre, et tient plus de l’enveloppé débonnaire que du petit nerveux.

Déboires. Ribes va chercher ses références ailleurs, du côté d'Ubu Roi pour le fond et de ce qu'il appelle «l'opéra bouffe» pour la forme. Les clins d'œil à la pièce d'Alfred Jarry sont multiples, jusqu'au «Merd