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Critique

«Plus ou moins zéro» avant le dégel

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Polaire . Au Théâtre de la Ville, la nouvelle création du Suisse Christoph Marthaler s’installe au Groenland, entre questions climatiques, cataplexie et situations absurdes.
publié le 19 septembre 2011 à 0h00

Christoph Marthaler suivrait-il les pas de Pina Bausch, qui tous les ans partait avec sa compagnie dans une grande ville du monde pour y préparer une nouvelle création ? Pour sa première destination lointaine, le metteur en scène suisse a été plus radical que la chorégraphe allemande disparue en 2009, en mettant le cap très au nord. Nuuk, 15 000 habitants, où il est resté plusieurs semaines, est la capitale du Groenland. Il en revient avec son nouveau spectacle, ± 0. Plus ou moins zéro, c'est la température moyenne annuelle régnant à Nuuk, dont le climat est adouci par le Gulf Stream. Dans ± 0, la question de l'environnement est tout sauf anecdotique. Le Groenland, son histoire et son actualité sont bien là, ne serait-ce que par la présence de deux actrices originaires de là-bas, Gazaalung Qaavigaq et Nukâka Coster Waldau.

Artiste associé du Festival d'Avignon en 2010, Marthaler y avait créé dans la cour d'honneur Paperlapapp, une pièce nourrie en partie de l'histoire des papes en Avignon, via la visite d'un groupe de touristes dans les lieux. Cette intégration du contexte est relativement nouvelle chez Marthaler. Pendant longtemps, son univers renvoyait d'abord à son enfance : le temple du petit village suisse où il est né, avec ses bancs et son harmonium. Une nef dans tous les sens du terme, puisque ses décors évoquaient également un moyen de transport indéterminé - autocar, avion, bateau - aux références esthétiques elles aussi datées (Mittle