Nicolas Sarkozy est un président comblé. En un petit quinquennat, il aura inspiré un tombereau de livres politiques, plusieurs bandes dessinées, un film (une première) et, enfin, une opérette (du jamais-vu). Une farce écrite et mise en scène par Jean-Michel Ribes, qui retrace l'irrésistible ascension jusqu'à l'Elysée d'un dénommé René, épicier de profession. Lequel fêtera sa victoire au Fouquet's et épousera, comme il se doit, une chanteuse argentine de trois têtes de plus que lui. Un certain Hurtzfuller (toute ressemblance phonétique avec Hortefeux est évidemment fortuite) y chante même à tue-tête : «J'aime l'Arabe quand il est blond ; quand il se nourrit de jambon. J'aime l'Arabe aux yeux bleus quand il n'est pas trop nombreux.» Si vous êtes de droite, il vous faudra faire preuve d'un peu d'autodérision (pour la première, Jean-François Copé a annulé sa venue au dernier moment). Mais si vous êtes de gauche, la poilade n'est pas garantie à tous les coups (Lionel Jospin est parti à l'entracte mais François Hollande est resté jusqu'au bout). Il y a pourtant quelque chose de terriblement réjouissant à ce que cette charge contre le sarkozysme ambiant soit catapultée depuis le Rond-Point des Champs-Elysées, presque sous les fenêtres du chef de l'Etat. Comme si l'insurrection grondait à la porte du Château. Comme si les beaux quartiers n'étaient plus dignes de confiance.
Le lendemain de la première, le père de Merci Bernard reçoit dans son bureau du Théâtre du Ron