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«Desdémone, comme Obama, croyait que le Bien triompherait»

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Mythe . A l’occasion de sa mise en scène de «Desdemona» à Nanterre, rencontre avec l’Américain Peter Sellars qui poursuit l’expérience d’un théâtre politique :
publié le 18 octobre 2011 à 0h00

A 54 ans, le metteur en scène américain partage toujours son temps entre Los Angeles et New York, où il travaille sur un sutra bouddhiste du Ier siècle qu'il doit mettre en scène au Rubin Museum, musée d'art tibétain new-yorkais. Pas assagi, toujours prêt à partir dans un rire tonitruant, Peter Sellars poursuit l'expérience d'un théâtre politique aux résonances inattendues.

Comment est né le projet Desdemona ?

Je déjeunais avec Toni Morrison et nous parlions d'Othello. Je lui disais à quel point la pièce me semblait véhiculer des images empoisonnées de l'homme noir. Des images racistes que chaque collégien de 14 ans est censé étudier aux Etats-Unis. La discussion a duré quatre heures. Toni me disait : «Mais non, c'est une pièce très importante !» Elle en récitait des passages par cœur et elle me répétait : «On ne tue pas ce qu'on aime, on nous pousse à le tuer.» Son point de vue reflète bien celui de sa génération, celle qui s'est battue pour les droits civiques dans les années 60.

Vous avec donc décidé de monter Othello ?

Oui. Avec la même distribution que pour le Marchand de Venise, que j'avais fait quinze ans plus tôt. C'était la première année de la présidence Obama et je me retrouvais à monter l'une des pièces de Shakespeare que je pensais alors ne pas être actuelle. L'histoire d'un Noir qui s'élève au plus haut niveau et qui se trouve confronté à un énorme complot fomenté pour qu'il n'y parvienne pas. Un complot auquel participent ses propres amis. C'est cet été-là qu'ont surgi les premières affiches g