«Un spectacle qui offense gravement la foi des chrétiens», c'est ainsi que monseigneur Le Gall, archevêque de Toulouse, a qualifié sans l'avoir vue (lire page suivante), la pièce de Rodrigo Garcia, donnée à partir de demain au Théâtre Garonne de sa ville, puis au Rond-Point à Paris en décembre.
Au pays de l'Opus dei, Gólgota Picnic, qui a été créé à Madrid en janvier, n'a pourtant guère suscité les foudres catholiques. Présenté au Teatro Guerrero, le spectacle a surtout dérouté une petite fraction du public par sa forme. Encore ne sont-ce ni le texte ni les images qui ont agacé, mais une deuxième partie consacrée à l'interprétation au piano, par un musicien nu, des Sept Dernières Paroles du Christ de Haydn.
Tout autant que pour Sul Concetto di Volto Nel Figlio di Dio, la pièce de Romeo Castellucci perturbée à Paris et à Rennes par des intégristes, le procès en «christianophobie» fait à Gólgota Picnic, relève soit du malentendu soit de la manipulation. Car il faut être crétin ou sourd et aveugle pour prétendre que Dieu et la religion sont les premiers visés par Garcia, qui ne prend pas de gants avec le genre humain en général. Comme les animateurs de Civitas (le groupuscule en guerre contre le «blasphème») ne sont pas des crétins, mais des extrémistes de droite à la pensée structurée (il suffit de voir leur site web), on ne peut que se dire que leurs vrais motifs sont loin de ceux qu'ils invoquent, et que la religion n'est q