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Dubillard, point barre

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Disparition . Esthète de la langue, l’auteur des «Diablogues», est mort hier à l’âge de 88 ans.
publié le 15 décembre 2011 à 0h00

Victime d'un accident vasculaire en 1987, Roland Dubillard, disparu hier à 88 ans, observait depuis lors le monde de son fauteuil roulant. Le corps avait flanché, mais l'œil et l'esprit restaient vifs. Ces vingt dernières années, l'auteur de Naïves Hirondelles (1961) et des Diablogues (1975) avait vu avec plaisir ses textes trouver une seconde jeunesse.

Quiproquo. Si la langue de Dubillard tient mieux l'épreuve du temps que celle de Ionesco, c'est sans doute que l'absurde chez lui y est plus vivant. Il procède d'un amour fou de la glissade, comme si les mots avaient leur folie propre sur laquelle surfer. C'est à la radio, dans les années 50, que ce grand ami de Pierre Dumayet a forgé son art du quiproquo, du tac au tac et de la poésie loufoque, via notamment les dialogues entre Grégoire et Amédée diffusés sur les ondes de Paris Inter. A la même époque (1953), Jean-Marie Serreau met en scène sa première pièce, Si Camille me voyait. Acteur de ses propres sketches à la radio, Dubillard monte aussi sur les planches et tourne au cinéma, ainsi dans la Grande Lessive de Jean-Pierre Mocky en 1968, avec Francis Blanche et Bourvil.

Mais c'est l'écriture dramatique qui occupe l'essentiel de son activité et le consacre comme un écrivain majeur, admiré par Jean Genet, enthousiaste spectateur de la Maison d'os en 1962 au théâtre de Lutèce, et par Roger Blin qui met en scène Où boivent les vaches en 1972 - pièce reprise p