Pour sa première mise en scène avec des acteurs francophones, le Polonais Krystian Lupa a fait le pari d'une très jeune distribution. «Pour Salle d'attente, disait-il dans un entretien avec Michel Bataillon lors de la création du spectacle en mai 2011 aux Nuits de Fourvière, je voulais rencontrer ce groupe de jeunes au moment où ils deviennent des adultes, au moment de l'épanouissement de leurs personnalités.»
Ces jeunes gens, Lupa les lâche dans une jungle urbaine qui tient du souterrain de gare et du squat pourri, avec matelas miteux, chariots rouillés et tags aux murs. Son spectacle s'inspire de Catégorie 3.1, une pièce du Suédois Lars Norén qui plonge dans les bas-fonds de Stockholm en compagnie d'un groupe de SDF et de cas sociaux lourds : junkies, alcooliques, schizophrènes. «Ce groupe de jeunes gens, expliquait Lupa dans le même entretien, a pris en charge le processus d'identification avec les personnages de la pièce avec une fascination incroyable.»
«Transformation». De fait, les 15 comédiens habitent leur rôle en toute conviction durant les quelque trois heures quinze - avec entracte - que dure le spectacle. La scène de shoot en ouverture figure dans le texte original. Elle est traitée sur un mode parfaitement cru. La jeune femme essaye de piquer son compagnon, n'arrive pas à trouver une veine potable, s'y reprend à plusieurs fois ; il s'énerve, l'insulte… Dans le spectacle, cette scène se rejoue à plusieu