Révélation du Festival d'Avignon 2010, l'Espagnole Angélica Liddell débarque pour la première fois à Paris. Seule en scène, veillée par un comparse muet, elle joue El Año de Ricardo («l'Année de Richard») au Rond-Point. Avant de présenter fin mars à l'Odéon La Casa de la Fuerza («la Maison de la force»), spectacle de cinq heures qui tient de l'opéra et puise ses références tous azimuts (Tchekhov, Vivaldi, un orchestre de mariachis).
Joué dans une petite salle, El Año de Ricardo est plus proche de la performance, un genre où Angélica Liddell a l'habitude de livrer son corps sans retenue, de l'ivresse à la scarification. Elle y interprète un monstre inspiré du Richard III de Shakespeare. Pas besoin de bosse pour marquer la difformité, le Richard d'Angélica Liddell est pourri de partout. Il rote, crache, pète, pisse, se gratte le cul, et n'arrête pas d'enlever et de remettre un pantalon trop grand.
Clown dément. Maniaco-dépressif, le roi se gave de pilules et passe, deux heures durant, de l'état de loque à celui de bourreau, alternant lentes montées sur fond musical (de Purcell aux Beatles) et descentes vertigineuses dans l'infamie. Yeux noircis et bouche déformée, il est un clown dément qui joue avec son animal domestique - un sanglier empaillé - et martyrise son aide de camp, le fidèle Catesby à la langue tranchée (Gumersindo Puche, qui accompagne Liddell depuis ses premières aventures théâtrales).
Mais El Año de Ricardo <