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Libération

Une «Ménagerie» sans ménagement

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Théâtre. Jacques Nichet reprend à Aubervilliers sa mise en scène de la première pièce de Tennessee Williams.
publié le 10 mars 2012 à 0h00

«La pièce se passe dans la mémoire et n'est donc pas réaliste» (1), écrivait Tennessee Williams au début de la Ménagerie de verre, qui fut sa première pièce et son plus grand succès. Dans ce huis clos psychologique (la mère, le frère, la sœur, l'ami du frère), l'auteur projette les souvenirs des personnages qui recoupent certains des siens : «Je retourne le sablier du temps, je remonte au charme rétro des années trente […]», dit Tom, qui est à la fois le narrateur, le frère et l'ombre de l'auteur.

Dans sa mise en scène, Jacques Nichet, qui retrouve le théâtre de la Commune d’Aubervilliers plus de deux ans après la création du spectacle, retourne lui aussi le sablier du temps. Avec sa cigarette et son grand manteau, Stéphane Facco, qui joue Tom, semble droit sorti des années 70, l’époque où Jacques Nichet affirmait son talent de metteur en scène au Théâtre de l’Aquarium, à la Cartoucherie du Bois de Vincennes.

La nostalgie est ici affaire d'esthétique, pas de sentimentalité. Le rideau est un écran de cinéma, une musique monte des coulisses, la scène est faiblement éclairée, mais le flou de la mémoire n'estompe pas la cruauté. Tout est légèrement décalé, des écriteaux viennent par moments commenter l'action, comme au cinéma muet. «Je suis l'inverse d'un prestidigiditateur de music-hall, dit aussi Tom. Moi je vous présente la vérité sous le masque plaisant de l'illusion.» Exactement comme la mise en scène, qui emprunte à plusieurs regi